Notre série est la première série française de vasovasotomie robot assistée, et la première série qui rapporte l’efficacité sur la reprise de la fertilité spontanée secondaire. Le taux de perméabilité déférentielle à trois mois était de 100%, légèrement supérieur à celui des techniques de microchirurgie qui ont des taux de perméabilité à 3 mois entre 90 à 95% [
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8]
. Parekattil et al rapportent une série de 20 patients traités par vasovasostomie robot assistée avec un taux de reperméabilisation à 2 mois qui était aussi de 100% [
12] mais ils utilisaient une suture en deux plan. L’utilisation d’une suture en un plan ne semble pas diminuer les résultats sur la perméabilité postopératoire [
13] contrairement aux résultats rapportés par d’autres séries [
14] et aux études expérimentales [
15].
En revanche, les résultats concernant la paternité sont supérieurs à ceux de la microchirurgie et de chirurgie conventionnelle (entre 43% et 85%) [
2-8]
, puisque les compagnes de tous nos patients étaient enceintes en moyenne 10 mois après la vasovasostomie. La durée entre la vasectomie et la vasovasostomie influence la récupération d’une fertilité secondaire (moins de 3 ans 76%, entre 3 et 8 ans 53%, entre 9 et 14 ans 44%, 15 ans et plus 30%) [
6]. Dans notre série, la durée entre la vasectomie et la vasovasostomie était relativement faible (<8 ans), ce qui améliore sensiblement les chances de succès. Cependant, il faut nuancer ces bons résultats par le faible nombre de patients traités dans notre série. L’âge de la partenaire est un autre facteur influençant le taux de fertilité secondaire Celui-ci est d’environ 30% après vasovasostomie pour des partenaires de plus de 40 ans [
16]. Malheureusement, nous ne disposions pas de cette donnée. Quel que soit la technique de vasovasostomie, celle-ci semble obtenir des taux de grossesses supérieurs aux procédés de reproduction in vitro (FIV, ICSI) réalisés pour le traitement des azoospermies liées à une obstruction des voies excrétrices (environ 30%) [
16]. Ainsi, par rapport aux méthodes de FIV et d’ICSI, les traumatismes psychiques au sein du couple liés au recours à des méthodes invasives et médicamenteuses non dénués d’effets secondaires chez la partenaire sont diminués. La réalisation d’une vasovasostomie offre par ailleurs la possibilité d’une conception naturelle et répétée sans surmédicalisation de la procréation. La FIV et l’ICSI augmentent le risque de grossesses multiples (35% de jumeaux et 10% de triplets) et de réduction embryonnaire [
17]
. La suppression du recours à des méthodes invasives et médicamenteuses chez la partenaire, l’absence de risques d’anomalies et d’avortements spontanés surajoutés liés à ces techniques plaide aussi en faveur de la vasovasostomie en tant que chirurgie réparatrice après vasectomie.
L’utilisation du robot pour la réalisation de vasovasostomie représente un surcoût en consommable et en temps d’installation et en durée opératoire. Cependant, si les résultats sur le taux de fertilité secondaire se confirment ce surcoût sera compensé. Le coût des vasovasostomies microchirurgicales a été évalué dans une étude américaine par rapport aux coûts des biopsies testiculaires et des ICSI (quel que soit la méthode de recueil des spermatozoïdes) pour des taux de paternité moyen respectivement de 53%, 33% et 33%. Le coût des vasovasostomies était 2 à 3 fois inférieur en moyenne par rapports aux autres techniques [
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18]
. De plus, la vasovasostomie permet dans le même temps opératoire de faire des prélèvements de pulpes testiculaires afin de pouvoir en cas d’échec proposer une procréation médicalement assistée [
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20]
.
Alors que les techniques de procréation médicalement assistée sont traumatisantes pour le couple et comportent des risques plus élevés de fausses couches, la vasovasostomie doit être systématiquement proposée aux patients qui ont un antécédent de vasectomie.
Conclusion
La vasovasostomie robot-assistée est une technique chirurgicale qui a permis dans ce petit groupe de patients d'avoir de bons résultats quant à la reperméabilisation déférentielle et à la récupération d’une fertilité spontanée secondaire. Une plus grande cohorte doit être évaluée. Les aspects médicaux et économiques de cette méthode doivent être comparés à ceux de la microchirurgie et à ceux de la fécondation in vitro (FIV)- intracytoplasmic sperm injection (ICSI) tels que pratiqué en France.